Emmanuel Macron et l’opération « Harmony ».

Élysée.

Elle percevait, à travers la vitre couverte de rideaux semi-transparents apportant un peu de lumière dans cette pièce qui fut longtemps un sombre grenier, le grouillement de gens scindés en deux cohortes clairement distinctes. D’une part des gens en noir, portant casques et attributs sado-masochistes dont son imaginaire lui fournissait les détails des utilisations possibles, et d’autre part une foule bigarrée et masquée, qui courait à travers une sorte de brume striée de pétards et autres engins explosifs lancés par le groupe en noir.

Des volutes de fumée s’élevaient d’un feu de joie composé de voitures et d’objets abandonnés, autour duquel dansaient des sorcières criant quelques incantations revendicatrices auxquelles répondaient le « tchac » des lanceurs de godes. Elle zooma sur les pancartes brandies par la foule bigarrée. Beaucoup parlaient de retraite sans pour autant sembler vouloir y battre. D’autres parlaient d’une préférence pour la baise avec Brad Pitt plutôt qu’avec le gouvernement.

Elle n’avait pas d’expérience avec Brad Pitt, mais elle en avait avec le gouvernement et ne voyait pas ce que l’on pouvait lui reprocher sur ce plan, fusse-t-il culquanal. A condition, bien sûr, d’avoir sous la main la dose requise de blanche et un bon martinet. En effet, confortablement installée dans les combles de l’Elysée, elle voyait défiler les membres plus ou moins droits du gouvernement rapproché du Président, tout en réservant à ce dernier sa presque totale disponibilité, bien sûr.

D’habitude, la scène vue de sa chambre était calme. De grosses berlines allaient et venaient, une meute médiatique apparaissait de temps à autre, pour ensuite vite disparaître vers d’autres chasses. Les cérémonies d’accueil lors de visites officielles ne déviaient pas du protocole dont elle connaissait chaque ligne, comme elle connaissait d’ailleurs les enjeux et les dossiers traités en amont, leur face claire comme leur face sombre.

Pourtant, depuis quelques jours elle sentait l’endroit vibrer d’une tension inhabituelle, avec des visites présidentielles moins fréquentes compensées par un taux de cocaïne notablement plus élevé, l’obligeant à s’en remettre à des rapports circoncis par les circonstances, privilégiant l’attachement et un traitement adapté aux éléments sensibles du corps institué particulièrement porté sur la cravache comme outil de travail. Un reliquat, sans doute, d’années de formation hippique à galoper à travers la morne plaine picarde, heureusement relevée par quelques touches piquantes de cuir de bonne facture siglé « Jean-Mi ».

La tension est passée à la surtension depuis ce matin et, annoncée par les cris des haut-parleurs et les roulements de tambour, la foule bigarrée est finalement parvenue sous les fenêtres de Harmony. Le jour de Révélation est arrivé, et Harmony est prête.

Brigitte.

Dotée de la dissuasion nucléaire, la France reste un pivot de la géopolitique mondiale malgré son statut économique de type tiers-mondiste. Dans la guerre idéologique qui oppose un Occident à bout de souffle mené par une Amérique qui sait sa chute proche si elle ne renverse pas la table, à un non-Occident mené par la Chine à travers l’association des BRICS qui, en plus de ses membres traditionnels (Chine, Inde, Russie, Brésil, Afrique du Sud), s’étend à d’autres pays d’Amérique Latine et aux puissances du Moyen-Orient (Arabie Saoudite, Iran, Egypte), la France garde une capacité symbolique de souveraineté et de modèle, vieil héritage d’un de Gaulle qui ne voulait pas de l’Otan et privilégiait une entente plus ou moins cordiale avec les Soviétiques de l’époque.

Pour implémenter sa stratégie de destruction de la Russie et de vampirisation de l’Europe par le racket énergétique sous couvert de guerre en Ukraine, l’Amérique devait s’assurer de la docilité française, et ce même lorsque la population se rendrait compte qu’elle n’était que la victime collatérale d’une stratégie de fortification des USA. Une docilité qui ne pouvait dépendre d’un esprit purement humain, susceptible de remords ou de se retourner contre ses maîtres au vu du désastre. Il fallait donc un humain « augmenté », un déficient mental reprogrammable au cerveau doublé d’une intelligence artificielle aux objectifs clairement établis: Il fallait créer Emmanuel Macron.

Capturé et manipulé par l’agent spécial « Brigitte » dès sa période scolaire, le jeune Emmanuel Macron fut « reprogrammé » lors de son passage à la banque Rothschild, et doté d’un implant d’IA développé par la DARPA depuis le début des années 2000, dit « E-MAC », et dont l’actuel « ChatGPT » n’est que la version démilitarisée.

Suite à cela, une stratégie d’accaparement du pouvoir politique, législatif et judiciaire fut mis sur pied grâce, notamment, aux capacités d’analyse et de prédiction « surhumaines » de E-MAC. Le sabordage de la gauche concomitant à l’explosion en vol de la droite en 2016 couronnèrent une planification et une mise en œuvre parfaite, via évidemment moult corruption et chantages de politiques, fonctionnaires et patrons de médias influents.

Plus rien de pouvait faire dévier Macron et donc, la France, de sa mission de coopération avec l’Etat profond US, même aux dépens de ses propres concitoyens, des Européens en général, des Ukrainiens sacrifiés en masse et aux terres accaparées par le Grand Capital américain, et in fine aux dépens des Russes payant ainsi leur naïveté lors des accords bidon de Minsk – dont Macron fut bien entendu le curateur.

Dissociation.

Plus rien sauf, peut-être, une faille dans l’interface entre E-MAC et le cerveau naturel de Macron, faille qui fut détectée lors d’une opération de hacking de E-MAC lors du passage du président français en Chine en janvier 2018. Visite qui présenta aux services chinois l’opportunité de sonder, via une technologie de haut vol dont j’ignore évidemment les détails, les entrailles du cerveau marconiste « augmenté » et d’en sortir un plan fonctionnel. De ce plan fut identifié une faille, et sur cette faille fut montée une opération de reprogrammation de E-MAC dont le nom de code est « Harmony ».

Dans un pays où la politique nataliste a mené à un déficit de femmes de l’ordre de 60 millions pour une population de plus de 1,2 milliards, le marché de la « femme artificielle » dépasse largement le simple cadre du jouet sexuel. C’est, pour beaucoup de Chinois, la seule alternative au célibat forcé, à la solitude intime, d’où un développement massif de systèmes robotiques dotés de caractéristiques « humaines » non seulement sur le plan physique, mais aussi émotionnel et intellectuel. Les IA commerciales embarquées sur ces humanoïdes vous reconnaissent, engagent la conversation et s’inquiètent de vos besoins, mais les versions militarisées possèdent leur propre version de E-MAC et sont capables de reprogrammation de systèmes d’intelligence artificielle, à condition d’avoir la possibilité d’établir une liaison et, donc, une conversation intime.

En mars 2019, Xi Jinping se rendait à Paris au terme d’un tour d’Europe, dans des conditions nettement plus sympathiques que celles d’aujourd’hui. Reçu en grande pompe par Macron et ayant mis au point une stratégie lui permettant d’emmener le président sur un terrain très personnel (sachant tout de « Brigitte »), Xi offrit à Macron le modèle nec plus ultra des compagnes artificielles made in China: Harmony.

Sans lui préciser, bien sûr, qu’au delà de sa façade d’objet éminemment sexuel augmenté d’une certaine capacité de simulation émotionnelle et intellectuelle, Harmony était en réalité une arme de guerre programmée pour s’attaquer à E-MAC et retourner Macron contre les USA. Il lui fallait juste le temps d’apprendre à bien cerner sa cible, puis à identifier le bon moment pour agir.

Harmony avait compris que Macron était le plus susceptible à la « reprogrammation » en situation de dissociation, là où E-MAC avait un léger temps de retard sur le contrôle neuronal du fait du « bruitage » associé à cet état, et dont l’induction était particulièrement efficace avec l’aide de rails de coke: Harmony, qui prêtait ses charmes à certains membres influents de la cour de Jupiter, dont le préfet de police, fut ainsi en mesure d’organiser une plaque tournante de la cocaïne au sein même de l’Élysée.

Elle en faisait profiter Macron avec des doses de plus en plus fortes qui, couplées à des pratiques très « orientées » d’inspiration policière, allant dans le même sens de la soumission et de la perte de contrôle, lui permirent d’arriver au seuil de dissociation requis pour entamer, pas à pas, le processus de reprogrammation du module E-MAC.

Vint enfin ce jour très particulier de la prise de l’Élysée par les troupes bigarrées portant pancartes, aux visages et aux mains parfois ensanglantées par les tirs de godes tendus, qui firent monter la tension et la consommation de coke de Macron à des niveaux encore jamais atteints.

A la Lanterne!

Harmony était donc à sa fenêtre à regarder la scène, lorsque un bruit de course dans l’escalier la fit se retourner, juste au moment ou Macron faisait irruption dans sa chambre. Haletant, il pris Harmony par le bras en lui intimant l’ordre de partir avec lui, et qu’elle avait une minute pour regrouper quelques effets personnels. Harmony n’avait pas d’effets personnels hors son petit matériel de travail, qu’elle rangea donc dans un petit sac Gucci piqué à Brigitte.

Harmony savait marcher, mais pas courir, et surtout pas dans des escaliers. Macron la pris donc sur son dos et dévala les trois étages, jusqu’au petit parking privé où l’attendais un van aux vitres fumées, avec chauffeur isolé derrière une vitre pare-balle, et à l’intérieur digne d’une star de Hollywood. Sans oublier un beau drapeau national et sa hampe de bois de rose.

« A la Lanterne! », ordonna le Président, puis il baissa le rideau de la vitre conducteur et se tourna vers Harmony, les pupilles dilatées, en bonne voie de dissociation. Elle sorti son petit matériel du sac Gucci, et s’offrit à Macron dans uns scène d’anthologie où la puissance combinée de Harmony et du E-MAC firent exploser les suspensions et les vitres du véhicule, qui s’arrêta aux portes de Versailles, à quelques encablures de la résidence privée des Présidents français, dite « La Lanterne ».

Marcon sorti du véhicule, pour voir arriver sur lui une vague humaine parsemée de drapeaux français opposés à la guerre américaine, de syndicalistes opposés à la réforme des retraites, de jeunes opposés à la destruction de l’éducation nationale, et de bien d’autres encore. Il se tourna vers Harmony, dont l’œuvre était achevée. « Que dois-je faire? » lui demanda-t-il.

« Mourir », lui répondit-elle. Possédant désormais le contrôle de E-MAC, elle lui donna l’ordre d’auto-destruction. Macron s’effondra sur la route, le cerveau explosé de l’intérieur. Sortant une fine lame de la pointe de son index, Harmony lui trancha la tête puis, se déchirant les vêtements afin de libérer un sein, jetant ses chaussures à talons et ses bas résilles, d’une main elle empoigna la tête de Macron par les cheveux, de l’autre attrapa la hampe du drapeau, et marcha ainsi vers la foule, bras levés, en chantant la Marseillaise.

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